Article de Joseph M. Kyalangilwa president du Great Lakes Forum International (Suisse)
Par nos précédents
articles intitulés «Les OGM en Afrique ou autre forme du néocolonialisme»
(2004), «Question de la sécurité alimentaire en Afrique – Le cas de la RDCongo»
(2007) et «Crise de céréales mais pas d’OGM en Afrique – Le cas de la RDCongo»
(2008)*, nous avons prouvé que si les potentialités agronomiques des pays
africains étaient rationnellement exploitées, les Etats africains n’auraient
sûrement pas à importer des autres continents les denrées alimentaires de
grande consommation (riz, maïs, sorgho, soja, bananes, manioc, patates douces,
huile de palme, etc.). Les milliards de leurs pétrodollars n’iraient pas
sur-enrichir les multimilliardaires d’Outre-Atlantique. Autrement dit, les
milliards de pétrodollars africains auraient développé toute l’Afrique. En
effet, les Etats africains producteurs du pétrole qui ont peu de terres
arables, assureraient la sécurité alimentaire de leurs populations en
important des autres pays africains à fortes potentialités agricoles les
denrées alimentaires tout à fait fraîches et à moindre coût. Ces échanges économiques
permettront aux uns et aux autres de se développer sans conditionnalités inhumaines
imposées actuellement aux gouvernements africains par les traditionnels
bailleurs de fonds occidentaux.
L’agriculture doit être une priorité
Les gisements des mines et les réserves
de pétrole s’épuiseront un jour, mais l’agriculture pas. Gouverner c’est
prévoir, dit-on.
En
conséquence, les gouvernements africains qui se réclament et même proclament
d’oeuvrer pour l’intérêt supérieur de leurs nations respectives, doivent
consacrer un minimum de 25% de leurs budgets pour l’agriculture. Les Chinois ne
cessent-ils pas de nous répéter qu’il vaut mieux apprendre à un peuple à se
prendre en charge que perdre inutilement son temps à le nourrir ponctuellement par
des apports extérieurs. C’est pourquoi, les nominations des ministres de
l’Agriculture, de la pêche et du développement rural doivent tenir compte des
capacités d’entreprenariat des titulaires, de l’utilisation rationnelle des
ressources humaines formées et jouissant d’une grande expertise en matière
d’agronomie. Il n’est plus l’heure des discours mielleux et distrayants des
politiciens africains qui ne tiennent compte que des promesses fallacieuses
qui leur ont été faites avec pompe, pendant plus de 40 ans, par les bailleurs
de fonds occidentaux et autres organisations internationales. Toutes ces
promesses n’ont jamais donné et ne donneront pas demain des résultats qui
satisfassent les populations des Etats africains qui, elles aussi, ont droit à
la sécurité alimentaire bien garantie et au développement endogène
harmonieux.
L’Afrique centrale possède beaucoup de
terres arables
Si les terres arables de la RDCongo
(République démocratique du Congo) – aujourd’hui 80 000 000 ha soit 800 000 km2,
deuxième pays du monde après le Brésil – peuvent nourrir deux milliards d’âmes
de notre planète, soit l’Afrique (918 014 166 habitants) plus les Amériques
(902 157 549 habitants) ou l’Afrique plus l’Europe (734 129 205 habitants) plus
l’Océanie 33 594 581 habitants), cette RDCongo fait partie des pays de
l’Afrique centrale. Comme on le sait, selon la résolution n° CM/Res.464 (XXXVI)
des 23 février et 1er mars 1976 prise par l’Union Africaine, la région de
l’Afrique centrale est composée par les pays suivants: 1. Cameroun, 2.
République centrafricaine, 3. Congo-Brazzaville, 4. République Démocratique du
Congo, 5. Gabon, 6. Guinée Equatoriale, 7. Sao Tomé-et-Principe et 8. Tchad.
Ces pays appartiennent à d’immenses grandes forêts du Bassin du Congo jouissant
d’une protection mondiale spéciale. Le tableau ci-dessous indique la
superficie de chacun de ces huit pays et le pourcentage de ses terres arables
mises en valeur.
La superficie des
terres arables
mises en valeur par chacun des pays de l’Afrique centrale est minime par
rapport à la superficie de leur territoire national essentiellement constituée
des forêts tropicales humides. Compte tenu de l’importance de la croissance
démographique (les populations de l’Afrique centrale doublent tous les vingt
ans et sont formées de 67% de moins de 18 ans), il est impérieux que chaque
Etat de cette région ait au moins 15% de sa superficie en terres arables mises
en valeur.
En ce qui concerne la RDCongo, ses terres arables occupent 80 000 000 ha, ou
800 000 km2, soit 34% de la superficie du territoire national.
Avec les terres arables disponibles en
2018, l’Afrique centrale sera à même d’assurer la souveraineté et
l’indépendance alimentaires de ses populations qui seront en ce temps-là de
plus ou moins 150 000 000 habitants et nourrir en plus près de 2 milliards de
personnes. En cette période, la RDCongo n’aura mis en valeur que 35,2 millions
de ses 80 millions d’hectares de terres arables. Les puissances occidentales
très préoccupées par la chute progressive de la production du pétrole, pensent
à intensifier les productions des biocarburants. Les pays à potentialités
agronomiques visés sont le Brésil et le RDCongo. Le gouvernement de la
République démocratique du Congo doit dès maintenant demeurer vigilant et
éviter par tous les moyens de se laisser distraire par les offres alléchantes
des milliards de dollars US que
les investisseurs apportent pour acquérir les millions d’hectares de
concessions agricoles pour la production de l’huile de palme. Nous ne sommes
contre ce genre d’investissements, mais il n’est pas question de distribuer
de nouvelles concessions dans nos forêts tropicales humides. Le pays possède
d’énormes étendues de concessions agricoles abandonnées par les acquéreurs
défaillants qui les avaient acquis dans le cadre de la zaïrianisation (mesures
économiques de nationalisation) de triste mémoire opérée par le régime dictatorial
de Mobutu en 1974.
On se conviendra avec nous que la RDCongo
ne manque pas de quoi nourrir ses populations. Les paysans agriculteurs continuent
à produire les denrées alimentaires, mais depuis 1984 leurs productions pourrissent
du fait du manque de routes de desserte agricole pour les évacuer vers les
centres de consommation. En outre, les enclavements ainsi longtemps entretenus,
ont favorisé l’insécurité dans les milieux ruraux et provoqués l’exode rural.
En
1980, plus de 80% des populations congolaises vivaient avec de l’aide à
l’intérieur du pays. Le gouvernement central doit, non seulement orienter les
investissements vers les infrastructures nationales, mais aussi tout faire
pour que les routes de desserte agricole, généralement en terre battue et donc
faciles à rouvrir en court et moyen termes, soient praticables en toutes saisons.
Ainsi, l’exode urbain sera une réalité. A titre illustratif, nous citerons la
restauration de l’axe routier Bukavu-Kasongo via Mwenga-Kamituga dont la
remise en état s’est malheureusement arrêtée au km 150 de Bukavu. Beaucoup de
citadins de Bukavu envahissent les parcelles et concessions agricoles situées
le long de cette route. Ils y construisent les résidences, maisons de commerce
et bientôt les installations des usines de traitement de produits agricoles
(huilerie, rizerie, minoterie, hôtellerie, restaurants ruraux etc.).
Il
en est de même des axes routiers récemment ouverts dans la province de l’Equateur.
Les habitants de Lubumbasi (Katanga) se plaignent de la pénurie du maïs alors
que les productions de milliers de tonnes de maïs pourrissent dans le district
du Tanganyila. La cause est la même partout: manque de routes de desserte
agricole. Les ministres de l’Agriculture, des voies de communication et des infrastructures;
des Travaux publics et de la reconstruction, doivent faire quelque chose pour
ne pas décourager les cultivateurs, car en effet, nous refusons que la RDCongo
soit considéré comme un pays incapable de se nourrir.
http://manuscritdepot.com/a.freddy-monanga.1.htm
http://manuscritdepot.com/a.freddy-monanga.1.htm
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