Wednesday, February 12, 2014

LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO PEUT NOURRIR TOUTE L'AFRIQUE ET LES PAYS DE L'UNION EUROPEENNE


Article de Joseph M. Kyalangilwa president du Great Lakes Forum International (Suisse)

Par nos précédents articles intitulés «Les OGM en Afrique ou autre forme du néoco­lonialisme» (2004), «Question de la sécurité alimentaire en Afrique – Le cas de la RD­Congo» (2007) et «Crise de céréales mais pas d’OGM en Afrique –  Le cas de la RDCongo» (2008)*, nous avons prouvé que si les potenti­alités agronomiques des pays africains étaient rationnellement exploitées, les Etats africains n’auraient sûrement pas à importer des autres continents les denrées alimentaires de grande consommation (riz, maïs, sorgho, soja, bana­nes, manioc, patates douces, huile de palme, etc.). Les milliards de leurs pétrodollars n’iraient pas sur-enrichir les multimilliar­daires d’Outre-Atlantique. Autrement dit, les milliards de pétrodollars africains auraient développé toute l’Afrique. En effet, les Etats africains producteurs du pétrole qui ont peu de terres arables, assureraient la sécurité ali­mentaire de leurs populations en important des autres pays africains à fortes potentialités agricoles les denrées alimentaires tout à fait fraîches et à moindre coût. Ces échanges éco­nomiques permettront aux uns et aux autres de se développer sans conditionnalités inhu­maines imposées actuellement aux gouverne­ments africains par les traditionnels bailleurs de fonds occidentaux.

L’agriculture doit être une priorité

Les gisements des mines et les réserves de pétrole s’épuiseront un jour, mais l’agricul­ture pas. Gouverner c’est prévoir, dit-on.

En conséquence, les gouvernements africains qui se réclament et même proclament d’oeu­vrer pour l’intérêt supérieur de leurs nations respectives, doivent consacrer un minimum de 25% de leurs budgets pour l’agriculture. Les Chinois ne cessent-ils pas de nous répé­ter qu’il vaut mieux apprendre à un peuple à se prendre en charge que perdre inutilement son temps à le nourrir ponctuellement par des apports extérieurs. C’est pourquoi, les nomi­nations des ministres de l’Agriculture, de la pêche et du développement rural doivent tenir compte des capacités d’entreprenariat des ti­tulaires, de l’utilisation rationnelle des res­sources humaines formées et jouissant d’une grande expertise en matière d’agronomie. Il n’est plus l’heure des discours mielleux et dis­trayants des politiciens africains qui ne tien­nent compte que des promesses fallacieuses qui leur ont été faites avec pompe, pendant plus de 40 ans, par les bailleurs de fonds occi­dentaux et autres organisations internationa­les. Toutes ces promesses n’ont jamais donné et ne donneront pas demain des résultats qui satisfassent les populations des Etats africains qui, elles aussi, ont droit à la sécurité alimen­taire bien garantie et au développement endo­gène harmonieux.

L’Afrique centrale possède beaucoup de terres arables

Si les terres arables de la RDCongo (Répu­blique démocratique du Congo) – aujourd’hui 80 000 000 ha soit 800 000 km2, deuxième pays du monde après le Brésil – peuvent nour­rir deux milliards d’âmes de notre planète, soit l’Afrique (918 014 166 habitants) plus les Amé­riques (902 157 549 habitants) ou l’Afrique plus l’Europe (734 129 205 habitants) plus l’Océa­nie 33 594 581 habitants), cette RDCongo fait partie des pays de l’Afrique centrale. Comme on le sait, selon la résolution n° CM/Res.464 (XXXVI) des 23 février et 1er mars 1976 prise par l’Union Africaine, la région de l’Afrique centrale est composée par les pays suivants: 1. Cameroun, 2. République centrafricaine, 3. Congo-Brazzaville, 4. République Démo­cratique du Congo, 5. Gabon, 6. Guinée Equa­toriale, 7. Sao Tomé-et-Principe et 8. Tchad. Ces pays appartiennent à d’immenses grandes forêts du Bassin du Congo jouissant d’une pro­tection mondiale spéciale. Le tableau ci-des­sous indique la superficie de chacun de ces huit pays et le pourcentage de ses terres ara­bles mises en valeur.

 La superficie des terres arables mises en valeur par chacun des pays de l’Afrique centrale est minime par rap­port à la superficie de leur territoire national essentiellement constituée des forêts tropica­les humides. Compte tenu de l’importance de la croissance démographique (les populations de l’Afrique centrale doublent tous les vingt ans et sont formées de 67% de moins de 18 ans), il est impérieux que chaque Etat de cette région ait au moins 15% de sa superficie en terres arables mises en valeur. En ce qui concerne la RDCongo, ses terres arables oc­cupent 80 000 000 ha, ou 800 000 km2, soit 34% de la superficie du territoire national.

Avec les terres arables disponibles en 2018, l’Afrique centrale sera à même d’assurer la souveraineté et l’indépendance alimentaires de ses populations qui seront en ce temps-là de plus ou moins 150 000 000 habitants et nour­rir en plus près de 2 milliards de personnes. En cette période, la RDCongo n’aura mis en va­leur que 35,2 millions de ses 80 millions d’hec­tares de terres arables. Les puissances occiden­tales très préoccupées par la chute progressive de la production du pétrole, pensent à inten­sifier les productions des biocarburants. Les pays à potentialités agronomiques visés sont le Brésil et le RDCongo. Le gouvernement de la République démocratique du Congo doit dès maintenant demeurer vigilant et éviter par tous les moyens de se laisser distraire par les offres alléchantes des milliards de dollars US que les investisseurs apportent pour acquérir les millions d’hectares de concessions agri­coles pour la production de l’huile de palme. Nous ne sommes contre ce genre d’investis­sements, mais il n’est pas question de distri­buer de nouvelles concessions dans nos forêts tropicales humides. Le pays possède d’énor­mes étendues de concessions agricoles aban­données par les acquéreurs défaillants qui les avaient acquis dans le cadre de la zaïrianisa­tion (mesures économiques de nationalisation) de triste mémoire opérée par le régime dictato­rial de Mobutu en 1974.

On se conviendra avec nous que la RD­Congo ne manque pas de quoi nourrir ses populations. Les paysans agriculteurs con­tinuent à produire les denrées alimentaires, mais depuis 1984 leurs productions pourris­sent du fait du manque de routes de desserte agricole pour les évacuer vers les centres de consommation. En outre, les enclavements ainsi longtemps entretenus, ont favorisé l’in­sécurité dans les milieux ruraux et provoqués l’exode rural.

 En 1980, plus de 80% des populations con­golaises vivaient avec de l’aide à l’intérieur du pays. Le gouvernement central doit, non seu­lement orienter les investissements vers les in­frastructures nationales, mais aussi tout faire pour que les routes de desserte agricole, géné­ralement en terre battue et donc faciles à rou­vrir en court et moyen termes, soient pratica­bles en toutes saisons. Ainsi, l’exode urbain sera une réalité. A titre illustratif, nous citerons la restauration de l’axe routier Bukavu-Ka­songo via Mwenga-Kamituga dont la remise en état s’est malheureusement arrêtée au km 150 de Bukavu. Beaucoup de citadins de Bu­kavu envahissent les parcelles et concessions agricoles situées le long de cette route. Ils y construisent les résidences, maisons de com­merce et bientôt les installations des usines de traitement de produits agricoles (huilerie, ri­zerie, minoterie, hôtellerie, restaurants ruraux etc.).

 Il en est de même des axes routiers ré­cemment ouverts dans la province de l’Equa­teur. Les habitants de Lubumbasi (Katanga) se plaignent de la pénurie du maïs alors que les productions de milliers de tonnes de maïs pourrissent dans le district du Tanganyila. La cause est la même partout: manque de routes de desserte agricole. Les ministres de l’Agri­culture, des voies de communication et des in­frastructures; des Travaux publics et de la re­construction, doivent faire quelque chose pour ne pas décourager les cultivateurs, car en effet, nous refusons que la RDCongo soit considéré comme un pays incapable de se nourrir.


http://manuscritdepot.com/a.freddy-monanga.1.htm

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