Saturday, November 16, 2013

LA RUMBA ZAïRO-KONGOLAISE PERD LE NORD

Article de Freddy Monanga

Nous pouvons commencer par affirmer sans complexe que Kinshasa est la capitale musicale de l’Afrique, parce qu'il y a tellement de tubes de la Rumba Kongolaise qui ont marqué le continent Africain. 
Werrason, ses musiciens et une de ses danseuse - 2011

Mais depuis quelques années, les artistes musiciens Kongolais ne comprennent toujours pas pourquoi leurs compatriotes de la diaspora ne veulent plus les laisser se produire en concert en Europe, dans les Amériques du Nord et en Afrique du Sud. La mesure touche principalement les musiciens qui sont résidents en République Démocratique du Congo.

Nous avons aussi constaté que même au sein de la diaspora Kongolaise, plusieurs combattants et résistants ne savent pas quelle est l’origine du boycott et de l’interdiction des productions des musiciens Kongolais à l'étranger par des Kongolais.

Ce n'est pas le fait qu'ils aient tous composé  une chanson à la gloire de celui qui se fait appeler le "Rais" Congolais, c'est à dire Joseph Kabila aka Hyppolite Kanambe aka etc., lors des élections présidentielles de 2006 et 2011. Les raisons qui sont à l’ origine de cette Fatwa émise par la diaspora Kongolaise contre les artistes musiciens de la rumba Kongolaise sont:

  • Que la Rumba Kongolaise ne remplie plus sa fonction sociale de distraire sainement les mélomanes.
  • Qu'elle n'est plus la gardienne des bonnes mœurs et coutumes Kongolaises.
  • Qu'elle est aujourd'hui une musique essentiellement festive.
  • Qu'elle ne s'investie pas dans la musique engagée ni dans la musique de combat car la RDC est en guerre et perd petit à petit des portions de son territoire depuis l'automne 1996.
  • Que les artistes musiciens Kongolais ne se soucient pas de ce que vivent les Kongolais à travers: le Génocide presque generalisé dans toute la république, la profanation des vagins des Kongolaises , l'enrollement des enfants Kongolais dans les milices armées des étrangers qui envahissent la RDC, les humiliations des hommes par des viols collectifs (sodomisation) dont les auteurs sont principalement des miliciens rwandophones et des militaires de l'armée du Rwanda (Cfr. Les temoignages des victimes)

La Rumba Kongolaise est gravement malade.
Depuis quelques années, ce genre musical est dans le coma à cause de ses artistes et de ses musiciens qui ne sont plus qu'une bande d’individus souvent sans talent, tombés là-dedans sans préparation et sans vocation.
Comme les dirigeants Congolais sont incapables de créer et d'offrir des emplois avec des revenus décents aux Kongolais, la musique est devenue le lieu de refuge des sans revenus. La Rumba Kongolaise est devenue cet exutoire qui absorbe le trop plein de sans-emplois des quartiers populaires des grands centres urbains de la RDC: Kinshasa, Lubumbashi, Matadi, Kisangani, etc.
Cela est sournoisement, depuis des années, encouragé par ceux qui gèrent la chose publique en RDC, dans le but de masquer leurs incapacités à gouverner convenablement et sainement ce pays aux richesses naturelles incommensurables.

Le lecteur pourrait croire que nous exagérons.

Nous lui suggérons de se pencher sur le phénomène "libanga" (la pierre ou le caillou) qui désigne, dans le langage des musiciens, cette litanie de noms de personnes que les musiciens chantent à tout bout de champ, dans le but de promouvoir la visibilité de la personne citée au sein de l’espace public et ce, en échange de quelque billets couleur pondu: quelques dollars. Plus vous donnez, plus votre nom est cité dans les chansons. De nos jours, les mabanga (libanga au pluriel) représentent la source la plus importante de revenus pour les artistes musiciens de la Rumba Kongolaise. Il est estimé à environ 500 à 1000 dollars, le prix payé pour être cité une fois dans une chanson d'un album (dans une chanson il y a en moyenne une cinquantaine de noms).
Mais si vous voulez une chanson à vous tout seul, taillée sur mesure et dont le titre est votre nom, il vous faudra débourser au moins 10.000 dollars.

Qui sont les principaux demandeurs de cette publicité; et bien ce sont tout simplement les décideurs politiques, ceux qui gèrent la chose publique. Ainsi, par une pratique extrêmement maligne, ils mettent la Rumba Kongolaise au service de l'aliénation et de l'arriération du peuple Kongolais, par ricochet celui de l'Afrique.
Parmi les autres principaux demandeurs de cette "publicité", il y a des personnages à la moralité extrêmement douteuse, toutes sortes de transgresseurs des lois, des criminels et des personnes de mauvaise vie.
Quant à ceux qui taxent de fous, de jaloux et d’aigris la diaspora Kongolaise à cause de la Fatwa contre l’actuel Rumba Kongolaise ;
Et à ceux qui lechent les orteils de leur Raïs tout en lui remplissant la tete de flagorneries 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7; 
Nous leur conseillons de lire ce qui suit:

Le 1er Octobre 2010, la ministre de la Culture de la RDC, madame Kavira, s'était résolue à combattre le phénomène mabanga au nom de son « Rais » de président. Elle avait condamné les antivaleurs, la médiocrité ainsi que les obscénités des chansons et spectacles offerts au public de tout âges.
Madame la ministre affirmait que la musique congolaise dite moderne est aujourd’hui la plus immorale avec ses cris, ses danses et spectacles obscènes qui chosifient la femme et inoculent le venin de la mauvaise éducation et des antivaleurs aux jeunes générations, hypothéquant ainsi leur avenir et celui de la Nation Kongolaise.
C’est pour cette raison qu’elle avait lancé, la campagne nationale de lutte contre les chansons, les cris, les danses et spectacles obscènes, sur toute l’étendue de la RDC. Cette campagne allait du 1er octobre 2010 au 1er octobre 2011 et visait à éradiquer les maux qui rongent la musique et la société Kongolaises.
Madame la ministre avait aussi invité les autorités à cesser avec le trafic d’influence, parce qu’elles sont chantées par les musiciens : Il faut mettre fin au phénomène Mabanga qui n’honore pas nos autorités soulignera-t-elle.
Elle ira même jusqu'à lancer des menaces « Tous ceux qui s’évertueront à baigner dans les antivaleurs à travers les chansons et spectacles doivent savoir que les institutions de la République, chargées de la lutte contre les antivaleurs, ne toléreront pas que des individus se permettent de corrompre la jeunesse et la société.
Malheureusement, ce n’était que des mots car les actions n’ont jamais suivies. Les dirigeants ne vont tout de même pas se priver des Mabanga dont ils sont tres friands!
 
Ainsi, la Rumba Kongolaise continue sa descente vertigineuse dans le gouffre de la vulgarité et de la pornographie vulgairement maquillée. Pour ceux qui comprennent les langues nationales Kongolaises et surtout le Lingala de Kinshasa, ils savent que depuis un peu plus d'une dizaine d'annees, les compositions sont sans contenus, stériles et légeres, que  les chansons sont remplies de flatteries serviles, de vulgarités et de parole obscènes. Et au-dela de tout, les artistes musiciens de la Rumba Kongolaise, specialement les Kinois, ont décidé d’épouser l’arrogance, l’impolitesse et l’orgueil stupide.


Ce n’est pas par hasard qu'aujourd’hui, dans les fetes de mariages Kongolaises, les mariés choisissent souvent la chanson Yamba Ngai (1982) de M’Bilia Bel et Tabu Ley, pour symboliser leur union.
Indépendance Cha Cha de l’AFRICAN JAZZ, Henriquet de Koffi Olomide, Etape de ZAIKO, Paiement Cash de ZAIKO, Mario de l’OK JAZZ, contrairement aux chansons de ces dernières années, continuent à faire danser sainement les mélomanes de la Rumba Kongolaise.  

Mais les malhonnêtes et les ignorants, qui sont friands des obscénités et des vulgarités, citent le cas de Luambo Makiadi alias Franco et son Tout-Puissant OK Jazz. En effet, dans les années 70, il avait composé des chansons avec des paroles sexuelles très crues et choquantes : Hélène, Jacky et François furent les titres des trois chansons. Mais ce que ces malhonnêtes-ignorants et pervers par-dessus tout oublient C’est :

  • Luambo Makiadi et son OK JAZZ n’avaient pas mit sur cassettes ni sur disques ces chansons sur le marché tant national qu’international.
  • Les cassettes qui circulaient sur le marché noir, sous les manteaux et sous les abacosts, étaient des enregistrements pirates, souvent de mauvaises qualités, réalisés lors des concerts.
  • Ces chansons ne passaient ni a television ni a la radio.
  • En 1979, le grand Luambo Makiadi (pourtant tres proche du Marechal Mobutu) et quelques membres de son groupe furent emprisonnés à cause de ces chansons qui n’honorées pas la Rumba Kongolaise. Une sentence approuvée même par les Engambe Edo, Ya Pekos et autres.
Affirmer et confirmer que la Fatwa tue la culture Kongolaise est une énorme absurdité.
Mais d’abord c’est quoi la culture d’un pays, d’un peuple ou d’une nation ?

La culture d’un pays ou d’une  nation que l’on appelle aussi la culture collective, correspond a l’ensemble des structures sociales, religieuses, etc., des manifestations intellectuelles, artistiques, etc., qui caractérisent cette nation. Selon l'UNESCO: « Dans son sens le plus large, la culture peut aujourd'hui être considérée comme l'ensemble des traits distinctifs, spirituels et materiels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une societe ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l'etre humain, les systemes de valeurs, les traditions et les croyances.

Et selon le sociologue québécois Guy Rocher, la culture est un ensemble lié de manières de penser, de sentir et d'agir plus ou moins formalisées qui, étant apprises et partagées par une pluralité de personnes, servent, d'une manière à la fois objective et symbolique, à constituer ces personnes en une collectivité particulière et distincte. Ensemble des productions matérielles ou immatérielles acquises en société.
La culture c'est l'âme et l'identité d'une nation.
Maintenant, pouvons-nous vraiment limiter la culture Kongolaise à la Rumba Kongolaise ?
Nous disons Non.

>Mais nous tenons aussi à rappeler que la rumba Kongolaise (Zaïroise) est le style musical le plus fécond d'Afrique, et de loin le plus populaire durant ces quatre-vingt dernières années, car les artistes musiciens Kongolais ont été pionniers dans les métissages en langues nationales. Et ce n’est pas demain la veille que ce genre musicale va cesser de bercer et de faire danser la planète.
Cette musique a envahis l’ensemble du continent Africain et a réussi à inonder les radios, les festivals et les discothèques de toute la planète. Elle connait les dénominations les plus diverses comme entre autre le Jazz Africain, jazz Kongolais, Kongo music, musique Zaïroise, musique Zairoise moderne, Rumba Kongolaise, Soukous, Ndombolo, Kwassa-Kwassa, Ngwasuma, etc. C’est réellement une musique populaire, surtout  auprès des jeunes grâce à son rythme très saccadé associant des instruments musicaux modernes importés de « l'occident » et des intruments africains, aux cris d'un Atalaku (un animateur ou rappeur).
Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo, est  la Mecque de la musique Africaine.
Et ce, malgré le fait que les puissants médias "occidentaux “ne lui accordent que très peu d'intérêt. La Rumba Kongolaise est en effet devenue la preuve vivante que le camp culturel dominant (l'Euro-Amérique à ce jour), même s'il se refuse à jouer le jeu, peut être contourné. Aussi bien dans l'underground culturel que dans les officines officielles, la rumba Kongolaise est écoutée, appréciée et va jusqu'à provoquer des hystéries collectives. Aujourd'hui, il est absolument difficile d'imaginer une nuit des villes aussi ouvertes que Paris ou Bruxelles sans un rendez-vous où régnerait cette Rumba agreablement sacadée et venue d'Afrique Centrale, du pays qui est traversée par des cours d'eau. Nous espérons que la Rumba Kongolaise va tres vitre retrouvée le nord.

http://manuscritdepot.com/a.freddy-monanga.1.htm